Accident vasculaire cérébral (AVC)

L’accident vasculaire cérébral (AVC) constitue la troisième cause de mortalité après maladies cardiovasculaires et les cancers. De la survenue d’un AVC résulte un important impact psychologique et émotionnel pour le malade et pour son entourage. Ceci est particulièrement vrai pour le couple, alors confronté à une épreuve pouvant compromettre la relation affective et sexuelle.

 

Fonction sexuelle et AVC
La fonction sexuelle est déterminée par un substrat neuro-anatomique complexe incluant à la fois le système nerveux périphérique et le système nerveux central. Ainsi, la réponse érectile est coordonnée par l'interaction de l'activation de différentes aires cérébrales spécifiques, de différentes structures de la moelle, de l'innervation autonome périphérique des organes génitaux, modulant la réponse vasculaire et biochimique dans le réseau vasculaire pénien.
En raison du rôle central du cerveau dans la réponse sexuelle et dans l'érection, des lésions cérébrales, notamment lors de l'AVC, peuvent théoriquement provoquer, selon les aires compromises, des dysfonctions sexuelles. Les mécanismes exacts à l'origine de ces troubles sont toutefois encore mal compris.

Tout se passe comme si, après un AVC mettant en danger la vie et souvent accompagné d'une morbidité très significative, la sexualité perdait toute importance, passait au second plan ou était même ignorée.
Les rares travaux cliniques ayant abordé le problème de la sexualité et des dysfonctions sexuelles après AVC montrent qu'entre 26 et 79% des patients présentent une baisse de la libido après l'AVC.
De plus, la majorité de ces études montre un abaissement de la fréquence des rapports sexuels coïtaux et l'apparition d'une dysfonction érectile chez 20 à 74% des patients. Enfin, on observe de manière générale une diminution significative de la satisfaction sexuelle après AVC.
Les problèmes sexuels peuvent être temporaires et se résoudre au cours des semaines suivant l'événement vasculaire, mais ils peuvent aussi se prolonger et même s'aggraver avec le temps.
L'AVC peut affecter la fonction sexuelle par l'implication des aires corticales, mais peut aussi compromettre des aires sous-corticales qui sont impliquées dans l'activité neuro-endocrinienne et autonome.

Les problèmes psychiatriques les plus fréquemment rencontrés après AVC sont la dépression, les troubles anxieux et l'état de stress post-traumatique (PTSD). Ces troubles altèrent le fonctionnement sexuel et provoquent des dysfonctions sexuelles.
La dépression est une cause classique de la baisse de la libido et peut provoquer aussi une dysfonction érectile. En revanche, la problématique sexuelle peut elle-même augmenter la dépression dans une synergie croissante.
La dépression peut être consécutive à la situation dans laquelle se trouve le patient après un AVC, mais peut être également la conséquence de lésions de certaines aires cérébrales impliquées dans la régulation de l'humeur.
Les partenaires des patients souffrant d'AVC développent également des dysfonctions sexuelles, confirmant le rôle des facteurs psychiques dans ces problématiques sexuelles, corrélées à l'impact émotionnel engendré par la survenue de l'AVC chez le conjoint.


Conclusion
L'AVC est une pathologie avec d'importantes conséquences, à la fois physiques et psychiques, pour le patient, son entourage et sa/son partenaire.
La perte de certaines fonctions, telles que la parole, l'activité motrice ou la continence, mais aussi des modifications de l'apparence, peut entraîner une dégradation de l'image et de l'estime de soi. Le/la partenaire va être témoin, avec angoisse, de ces changements et va, en réponse à sa souffrance, projeter une partie de son désarroi sur lui/elle-même. Ces peurs et ces angoisses, conscientes ou non, représentent de fait un important obstacle à la reprise d'une vie relationnelle et intime normale.
L'AVC est suivi d'une période d'intense fatigue, parfois associée à un état dépressif réactionnel. Joints à la problématique de l'altération de l'estime et de l'image de soi, parfois accompagnée de troubles de l'identité, il en résulte fréquemment des difficultés sexuelles, avec baisse de la libido et dysfonction érectile.
Les patients sexuellement actifs avant l'AVC retrouveront généralement une vie sexuelle plus active par la suite, ce processus nécessitant toutefois du temps et un réel soutien.
Après la phase aiguë d'AVC, il est donc important, lors de la prise en charge, de tenir compte des aspects relationnels et sexuels des patients et de leurs partenaires.
Le médecin devrait aborder avec tact et sensibilité le thème de la sexualité, le patient n'osant, en effet, souvent pas faire le premier pas, bien que très désireux d'en parler. Ce dernier a alors besoin de se rassurer et d'être rassuré et de reprendre une vie normale et épanouie.
Le fait de recommencer progressivement une vie sexuelle, ou de savoir que ce sera possible, permettra au patient de se projeter dans le futur, de reprendre goût à la vie, de mieux se conforter dans sa relation de couple et de transformer la menace de mort dans une pulsion de vie.